Ça commence fort ! Car en répétant l’une de ses fameuses métaphores, « Lorsque Nicolas Sarkozy a remporté les élections présidentielles, c’est comme s’il avait gagné au loto », Edwy Plenel a rapidement pris la température à Atlantia. Applaudissements d’un côté, forte désapprobation de l’autre. C’est clair, il y a encore du répondant en terre sarkoziste, mais il y a aussi de la colère et de la déception. L’ancien directeur du Monde sait où il met les pieds. Il aime le débat, il sait se mettre au niveau de son auditoire et fort d’un parcours où son intégrité n’a jamais été remise en cause, il affirme avec conviction : « Dans la semaine, les journalistes locaux m’ont prévenu que ça n’allait pas être facile ici ! Mais il y a une vertu à l’entêtement. C’est vrai que je tape un peu toujours sur le même clou, mais ce n’est pas forcément sur une personne en particulier. C’est le système et l’utilisation qu’en fait Nicolas Sarkozy que je dénonce. Ce n’est pas une chasse au Sarko ! », explique l’auteur d’ « Un président de trop ».
Car le Breton est têtu et Edwy Plenel n’oublie pas ses racines, à Saint-Marc-sur-Mer où il passait les vacances chez sa grand-mère et à La Baule où son oncle possédait un appartement. Ses origines, il s’en sert pour argumenter son combat : « Pendant très longtemps, la Bretagne a été le tiers-monde de la France. Rappellons-nous de ces Bretons dont on disait qu’ils « baraguinent ». Nous sommes tous, dans notre longue histoire, l’immigré de quelqu’un. C’est pourquoi il faut lutter contre ce poison qui s’insinue dans notre société. Mediapart vient de le démontrer, le poison est passé dans le football comme dans d’autres domaines. C’est la conséquence du tragique discours de Grenoble par Nicolas Sarkozy ».
A ceux qui sont intervenus pour critiquer le « pessimisme et le caractère déprimé et déprimant» des propos d’Edwy Plenel, le journaliste répond simplement : « Aimer ce pays, c’est aussi le critiquer. Et ce dans le respect du pluralisme des idées ». Il ajoute : « Bien sûr que nous sommes dans un pays où les libertés sont respectées, où un certain nombre de choses vont bien. Mais le plus important, comme le disait Victor Hugo à la tribune de l’Assemblée Nationale, pour la démocratie c’est le bulletin de vote d’un côté, et la liberté de la presse de l’autre. Je crois à la vertu des informations. Nous sommes des lanceurs d’alertes, nous sommes là pour dire : là, il y a quelque chose qui ne va pas ».
Et Edwy Plenel d’en remettre une couche au pensionnaire de l’Elysée : « Président de la République, c’est un bien commun. Ça n’appartient pas à Nicolas Sarkozy, ça nous appartient. On ne confie pas ce rôle à un ado de 16 ans qui va casser tous ses jouets. Nicolas Sarkozy est un personnage transgressif, un président ne peut pas dire « Casse-toi pauvre con » à un citoyen, ce n’est pas correct ».
Malin, le directeur de Médiapart indique que Dominique de Villepin pourrait très bien tenir les mêmes propos, et il lance aux sceptiques : « Ce que je dis peut tout à fait être partagé par les Gaullistes ! On assiste à une privatisation de la République. Cette République, aux mains d’un seul homme qui veut tout faire, tout contrôler, cela dévitalise la démocratie ! Il gouverne pour une minorité oligarchique, quelques milliardaires familiaux ». Tonnerre d’applaudissements et mine renfrogné des derniers résistants sarkozystes.
Ceux qui, dans la salle, croient encore au grand destin de Nicolas Sarkozy, insistent : « Nicolas Sarkozy fait preuve de bonne volonté, il est dynamique et les événements n’ont pas joué en sa faveur ». « Vous avez raison, et c’est pour cela qu’il a été très bien élu ! Mais trois jours après, on a tout de suite vu une partie du portrait s’effondrer », répond Edwy Plenel. Autre tentative : « On vous a beaucoup moins entendu taper sur la Gauche et sur Mitterrand ! ». « C’est faux, au Monde nous avons été les premiers à dénoncer nombre de scandales sous la Gauche. Pour ce qui est de la seconde famille de Mitterrand, nous avons choisi de protéger une enfant. Mais pour le cancer de François Mitterrand, vous avez raison, c’est la vraie défaite du journalisme », répond-il à nouveau. A ceux qui le jugent partial, Edwy Plenel indique encore : « J’ai été mis sous écoute pendant la présidence de François Mitterand. On a violé ma vie privée et on l’a exposé ! Il en va de même pour l’affaire Clearstream où l'on ne parle que de Nicolas Sarkozy, mais nous sommes 200 personnes à avoir soit disant des comptes à l’étranger. Et pour ce qui est du Parti Socialiste, que penser d’un parti qui n’a pas de leader et qui demande au peuple de venir arbitrer à sa place ? ».
Edwy Plenel a également beaucoup parlé de Médiapart, une réussite pour cette entreprise de presse sur la toile, qui enchaîne les révélations. Car Edwy Plenel porte également un regard sévère sur la presse. Il se rappelle notamment les mensonges médiatiques concernant les armes de destruction massive en Irak, ou encore la campagne du « oui » pour le référendum sur la constitution européenne. Il n’est pas plus tendre avec les journalistes compromis par le pouvoir et les éditorialistes dont les échos influent peu sur la société. Il a bien rigolé, Edwy Plenel, lorsqu’une dame, le livre de Catherine Nay (consacré à Nicolas Sarkozy) en main, indique que l’éditorialiste d’Europe 1 a récemment déclaré que « les gens devraient se mettre à genoux devant les hommes qui prennent de telles responsabilités »... La salle, elle, a hué, mais elle a chaleureusement applaudi Edwy Plenel, après 1 h 30 d’échanges que beaucoup auraient souhaité prolonger. Comme quoi... !
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