Environ tous les quatre ans il est procédé au désenvasement du port de La Baule Le Pouliguen. La dernière opération remonte à 2010. Depuis quelques jours l’entreprise de pompage est à pied d’œuvre pour installer les tuyaux de transport des boues qui seront rejetées à peine un kilomètre au large de la pointe de Penchateau. Les conséquences de cette opération sont désastreuses pour l’écosystème, et la biodiversité.
Des spécialistes de l’association Estuaires Loire et Vilaine nous ont expliqué pourquoi cette opération était désastreuse pour la baie de La Baule. Pour eux il y a un peu de sable qui rentre dans le port du Pouliguen, mais l’essentiel à 80 % c’est de la vase « qui heureusement n’est pas toxique » explique Alain Ménard. Pour l’association dire qu’ils vont enlever du sable du port c’est de ''l'enfumage politique''. « Les bateaux dans le port ils reposent sur de la vase. » Des études de la SOGREA démontrent que la houle d’ouest ramène systématiquement tout à la côte d’où la nécessité de dévaser tous les quatre ans. « Tout ce qui est jeté en mer revient à la côte. »
Ce rejet de vase à quelques centaines de mètres de Penchateau (comme le montre la photo) aura pour effet de recouvrir à nouveau les espaces d’algues laminaires et de les faire mourir. Un champ de laminaires au nord des Evens a complètement disparu suite aux rejets successifs de ces boues. Ici à la Pointe de Penchateau il y avait beaucoup d’algues, maintenant les rochers ont un aspect lunaire. La turbidité empêche les laminaires de pousser, elle bouche toutes les failles où il y avait des crevettes, des crabes et autres espèces. Il ne reste plus que des ophiures par millions et sur des centaines de mètres carrés dévorant les matières organiques et faisant disparaître la biodiversité.
« La pointe de Penchateau étant un site classé Natura 2000, les politiques s’abritent hélas derrière une enquête d’utilité publique pour faire croire qu’il y a de la démocratie. Les prélèvements pour détecter la pollution ne sont pas faits au bon endroit, ils sont fait par l’entreprise qui assure le chantier ! Les coquillages sous les pontons dans le port ne sont pas analysés pour voir s’il y a des métaux lourds » explique Alain Ménard.
Selon l’association les boues rejetées vont se déplacer avec les courants de manière circulaire et recouvrir les fonds entre les Evens et le banc des chiens. Les fameuses ophiures vont se développer par millions. « Il n’y a plus de biodiversité, le milieu est mort ». On en trouve énormément sur Baguenau, les Troves. Pour les pêcheurs, c’est une catastrophe. Les bars ont disparu ainsi que de nombreuses autres espèces.
À la question : « pourquoi n’entend-on pas Europe Écologie les Verts sur le sujet ? ».
Alain Ménard répond : « les écolos, ils font de la politique ils ne font pas de l’écologie. Le problème il est là. Heureusement il y a des ONG qui font du bruit. Ici les rejets à Penchateau tout le monde s’en fout, alors que les écologistes devraient être en première ligne sur ce dossier, mais ils préfèrent faire de la politique. »
Pour l’association la solution passe « par prendre les vases dans un camion avec une pelleteuse et aller les traiter à Saint-Nazaire. On pourrait créer des emplois et faire des offres aux autres ports de Bretagne. On va bien chercher du sable très loin pour engraisser la plage pourquoi n’irait-on pas traiter les boues ailleurs ? » demande Alain Ménard.
À la question du coût multiplié par 10 pour le traitement des boues à terre Alain Ménard rétorque « on ne sait pas il n’y a jamais eu d’étude sérieuse ». Il rappelle que la minoterie a été remblayée avec les vases du port.
Quel est le diagnostic sur le banc des chiens ?
« À l’origine Batz-Le Croisic-Le Pouliguen était une île. Les sables sont venus former la plage et la dune. Par les courants venant de la Loire, les sables de gros calibre se déposaient vers Pornichet et les sables extra-fins à la hauteur de la Plage Benoît. Depuis la création du port de Pornichet qui a une avancée de 300 à 400 m en mer, cela a dévié les courants qui transportent les sables. En fait le banc des chiens est un phénomène artificiel de création d’une 2e plage. Si des solutions ne sont pas trouvées, à terme il n’y aura plus d’eau plage Benoît. Dans 300 ans vous aurez peut-être des immeubles devant le banc des chiens », dit notre interlocuteur avec humour. Pour Alain Ménard la solution passe par la reprise du banc des chiens et ramener tout ce sable sur la plage « mais il faudra recommencer dans 10 ans et c’est un travail de Shadoks ». Cette solution paraît moins onéreuse que d’aller chercher du sable ailleurs. « La SOGREA qui fait les études pour La Baule est d’abord un aménageur et un bétonneur donc les solutions douces ce n'est pas leur truc » affirme Alain Ménard.
Les politiques prendront-ils conscience de la gravité de cette situation ? La destruction de la biodiversité dans la baie encore belle de Le Pouliguen-La Baule-Pornichet semble en jeu.
Voir aussi http://www.labaule-infos.net/la-baie-des-chiens-29-55-575.html
http://www.assoloirevilaine.fr/
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