Son père, « un personnage ! », aujourd'hui disparu, n'est sans doute pas pour rien dans la vocation de Julien. « Dans la longère où nous vivions, mon père nous avait installé une petite scène. Il y avait des rideaux, une malle de costume, de quoi se maquiller et on faisait des sketches avec mes frères et sœurs. Ça m'a donné le goût du théâtre ! ».
Plus tard, c'est la rencontre avec Alexis Djakeli, metteur en scène géorgien installé en France, et une formation poussée, pendant 9 ans. « Alexis Djakeli, un maître, un ami ! » pour Julien. « D'une certaine façon il a pris la place de mon père dans ma vie ! » Le metteur en scène, fort de cette aura paternelle, amplifiera le goût du théâtre chez Julien, tout au long d'une collaboration fructueuse où il lui confiera de nombreux rôles et le hissera au rang de « poulain ».
Puis il continue cette formation, cette expérimentation, avec le collectif Mobil'Casbah avec qui il battra le pavé d'Aurillac, au fameux festival international de théâtre de rue, pendant 5 ans. Au travers de son métier d'animateur socio-culturel ensuite, où il sera amené à faire des stages de Clown, de Commedia dell'arte. Avec le festival En plein Art de Saint Molf, dont il est un des organisateurs.
« Pour moi le théâtre c'est comme quand je vois le jour se lever, la vie de nouveau se réveiller... Au théâtre c'est pareil ! Le théâtre est en lien avec la nature, c'est ce qui me relie à la vie. » Julien se confie un peu sur une enfance « pas super » et sur ce qui l'a sauvé en quelque sorte, la scène qui fut pour lui comme une deuxième naissance. « Cette enfance pas super je l'ai transcendé dans ma vie professionnelle. J'aime les gens, j'ai besoin de m'occuper des autres. Je le fais par le théâtre, mais j'aurais pu être aide-soignant, ou médecin. »
« L'intérêt du théâtre pour la société, c'est de créer des liens humains, des liens à vif en quelque sorte. On parle de spectacle vivant ! De spectacle de chair et d'os... On est trop la société de l'écran ! Je crois qu'il faut lever la tête... non ? L'intérêt c'est de vivre les choses réellement ! Nous ne sommes pas virtuels, nous ! » Avec une fougue joyeuse, Julien Gély raconte ce qu'il voit de la place du théâtre dans ce monde moderne, un peu désincarné, un brin déshumanisé et dont on concentre l'attention sur des choses sans intérêts. « Le théâtre c'est toujours sincère, c'est l'instant présent, c'est le vivre ensemble. Ça fait voyager les gens, aussi loin qu'on veut, ça les emmène dans des univers où ils peuvent faire une pause écran. Ça leur parle de leur vie ! »
Puis, la question vient sur la situation du théâtre dans le département. « Dans le coin, je crois que le théâtre est un peu étouffé par un manque de conviction des communes de devoir proposer d'autres formes de spectacle, des petits trucs sympas. Des spectacles pas chers, où on peut manger, où on peut entendre de la musique ! Toute la place est prise par ce qui est déjà l'industrie du spectacle. »
En quelque sorte, place à l'artisanat, au spectacle vivant, plus accessible, plus populaire, mieux partagé, moins coûteux à produire et tout aussi efficace que ce que les institutions proposent. « Globalement les portes sont fermées, chacun protège son pré carré et des gens comme Alexis Djakeli, qui est sans doute un des meilleurs metteurs en scène dans le coin, n'a sa place nulle part. Il faut une vraie politique théâtrale, parce que le spectacle vivant mérite de changer, avec de vrais budgets, parce que le théâtre coûte cher, mais il rapporte beaucoup... Et puis il faut se méfier de tout ce qui est désinformation sur ce métier, notamment sur le statut des intermittents, qui est loin d'être une promenade de santé... »
« Mon rêve ce serait de faire venir en France une équipe d'artistes géorgiens, ceux qui m'ont formé. Il n'y a pas de théâtre amateur là-bas, ils prennent le théâtre au sérieux. Ce sont des artistes très complets, qui savent jouer, chanter, danser... Ça apporterait les avantages d'un échange culturel poussé, ça renforcerait nos acquis de formation. Je relancerai des ateliers aussi avec la possibilité de faire plus de représentations. Je mixerais les tranches d'âge, je ferais des spectacles intergénérationnels. Je tenterais de changer l'idée que les gens se font du théâtre. »
Le théâtre, Julien le connaît in door mais aussi out door, ou hors les murs. Il l'a pratiqué, le partique encore pour ce qu'il amène, en plus : « Le théâtre de rue, c'est le spectacle qui vient à toi. C'est plus fort que dans une salle quand ça marche. Dans la rue, lieu public, on se sent citoyen, ça devient notre liberté d'expression. C'est une liberté plus explosive, plus violente, plus fracassante, parce que dans la rue les émotions sont multipliés. On est dehors, pas à l'abri, à nu. Le théâtre de rue c'est choper l'envie de vivre des gens, à l'instant T ? Et puis, c'est gratuit ! » Affirme t-il en souriant, comme si l'argument était incontestable. « Et puis je pense que le théâtre de rue fait venir les gens dans les salles... Quand on a eu une émotion dans la rue, on a envie de la retrouver dans une salle... »
Actuellement, Julien reprends le G.I.S (Groupe d'Intervention Spéciale) avec un complice, Ysel Fournet, et propose un Blind Test Musical. Ils se produiront le 21 janvier à 19h au Café des Marais, à Saillé.
« Le théâtre c'est pas aller à l'usine... c'est ma manière de vivre, de respirer, d'aimer. Je le lie à mon cœur. »
Gageons qu'on saura entendre, à Saint-Nazaire, la voix de ce professionnel passionné et qu'on saura lui faire sa juste place dans le grand cirque culturel.
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