Né en 1962 à Toulon, Bruno Bellone a été formé à l'AS Monaco où il a passé sept saisons. Dès sa 1re saison en professionnel, il joue une douzaine de matchs (2 buts) et devient Champion de France à l'issue de l'exercice 81/82, marquant au passage 12 buts. Cette année-là, il honore sa première sélection en équipe de France.Il porte le maillot tricolore 34 fois et réussit 2 réalisations dont ce fameux but, dont le portier Arconada se souvient encore. Bruno Bellone, c'est aussi une participation à deux coupes du Monde en 82 et 86 (2 1/2 finales) et une finale du championnat d'Europe remportée face à l'Espagne en 1984. Aujourd'hui et après avoir connu une période après-carrière difficile, "Lucky Luke" est conseiller technique à la mairie du Canet. À l'occasion de sa venue aux stages de l'USBP, nous l'avons rencontré et il a bien voulu répondre à nos questions. À vrai dire, l'homme n'a pas changé. La démarche tranquille mais volontaire, il est toujours disponible, souriant. À 48 ans, il vit toujours le football avec autant de passion, et pose un regard éclairé sur l'équipe de France, sur le monde du ballon rond et sur les valeurs que le football devrait véhiculer.
Que devenez-vous aujourd'hui ? Je suis embauché par la mairie du Canet et je suis conseiller technique pour la section sports que nous avons en partenariat avec le Canet et qui accueille 70 jeunes. Elle est bien sûr consacrée à l'apprentissage du football, mais privilégie toutefois les études. En effet, les élèves doivent avoir impérativement 12 de moyenne pour pouvoir poursuivre leur cursus. Nous avons cinq éducateurs dont Pascal Massa et Christian Lopez.
Qu'est ce qui justifie votre présence à la Baule ?
Outre mes fonctions habituelles, je suis ambassadeur de "Sportez-vous" une opération initiée par le groupe "Renouveau" qui est spécialisé dans l'hébergement de familles pour les vacances. Il y a 18 centres d'accueil en France et je suis invité à l'initiative de Christophe Gillard directeur de la résidence St Saens à la Baule qui a souhaité apporter son soutien à l'USBP à travers les stages organisés par le club. J'ai été superbement accueilli et très touché par la gentillesse des éducateurs qui sont des gens très sérieux et très compétents. C'est vraiment très agréable. À travers ces stages, mon but est de transmettre ce que j'ai appris et toutes les valeurs qui s'y rattachent.
Vous avez participé à deux coupes du Monde et un championnat d'Europe. Quels souvenirs en gardez-vous ? Celui d'avoir évolué avec des gens intelligents, qui ont su jouer au maximum de leurs possibilités à chaque fois qu'ils portaient le maillot de l'équipe de France. Le premier but marqué avec Monaco reste au rang de mes meilleurs souvenirs tout comme de 1/4 de finale gagné contre le Brésil. A contrario, cette demi-finale perdue contre l'Allemagne en 82 laisse beaucoup de regrets. À 3 à 1 on se voyait déjà en finale. Nous aurions dû faire preuve de solidarité et d'humilité au lieu d'être trop confiants. Il y a eu aussi ces erreurs d'arbitrage qui nous ont coûté cher.
Solidarité et humilité, n'est-ce pas ça qui manqué à l'équipe de France lors de la Coupe du Monde en Afrique du Sud ? Certainement. Ce qui s'est passé m'a fait beaucoup de mal. Les joueurs auraient dû jouer à 100 % de leurs capacités et malheureusement cela n'a pas été le cas. Il y avait dans ce groupe 4 ou 5 meneurs qui ont semé le trouble. Chacun d'entre eux aurait dû faire preuve d'humilité et de solidarité un peu comme l'équipe de France d'athlétisme dont la prestation a été remarquable et dont on doit s'inspirer. Pour faire une bonne équipe, il y a trois maîtres mots : complémentarité, solidarité et humilité. Quand vous pensez que certains joueurs ont refusé que Domenech et Jean-Pierre Escalettes mangent à leur table, il y a de quoi s'interroger.
Mais qui sont les responsables ? Il y a les joueurs, Raymond Domenech et la Fédération française. Jamais, cette dernière n'aurait dû annoncer la nomination de Laurent Blanc avant la coupe du Monde. La position de Domenech était déjà fragilisée auparavant, elle l'a complètement déstabilisé pendant. Le sélectionneur n'avait plus de crédibilité auprès des joueurs. Qui plus est, il n'a pas été à la hauteur et n'a pas su s'imposer. Une de ses erreurs a été d'avoir lu la lettre des joueurs. Il a été complètement dépassé par les événements.
Quelles sont les conséquences d'un tel fiasco ? Elles peuvent être énormes. Je crains que le nombre de licenciés chute lourdement dans les mois à venir. À moins que Laurent Blanc ne redresse rapidement la barre. Il faut absolument qu'il s'impose. La présence de Jean-Louis Gasset à ses côtés est un atout.